Le projet de recherche EU-LAC-MUSEUMS, consacré au thème « Musées et communautés : concepts, expériences et durabilité en Europe, en Amérique latine et aux Caraïbes » a été lancé en octobre 2016 par sept musées et établissements de recherche, en partenariat avec l’ICOM et grâce au soutien financier du programme de recherche de l’Union européenne, Horizon 2020. Du 24 au 29 novembre 2017, le Museums, Galleries and Collections Institute (« MGCI ») de l’université de St Andrews a accueilli la deuxième assemblée générale du projet. De nombreux ateliers, réunions et activités ont ainsi été proposés sur l’ensemble du campus de cette illustre université.
Des conférences sur les politiques d’exposition, les musées et l’identité caribéenne
Cette série d’événements a débuté le vendredi 24 novembre par une rencontre autour du thème « The Politics of Display: Collateral Pavilions at the Venice Biennale Symposium ». Elle s’est poursuivie avec la conférence annuelle du Museums, Galleries and Collections Institute de l’université de St Andrews, durant laquelle la directrice du Barbados Museum and Historical Society et ancienne présidente de l’ICOM, Alissandra Cummins, a abordé le sujet suivant : « Plantation to Nation: Museums and Caribbean Identity ».
Cinquième session de la conférence « Définir le musée du XXIe siècle »
Le jour suivant a eu lieu la conférence internationale « Définir le musée du XXIe siècle », sous les auspices de l’ICOFOM. Durant une journée entière, les participants ont pu analyser des articles, débattre lors d’une table ronde, et prendre part à une séance interactive dirigée par Lauran Bonilla-Merchav (présidente d’ICOM Costa Rica, membre du Comité permanent de l’ICOM pour la Définition du musée et du comité de pilotage du projet EU-LAC-MUSEUMS). Les intervenants venaient aussi bien du Royaume-Uni, d’Espagne, de France et d’Italie que d’Iran, d’Israël, du Brésil, du Chili ou encore du Costa Rica. Les articles présentés s’intéressaient à des musées des quatre coins du monde. Sally Mapstone, la directrice et présidente de l’université de St Andrews, s’est chargée du discours d’ouverture. François Mairesse (président de l’ICOFOM), Bruno Soares (vice-président de l’ICOFOM) et Alberto Garlandini (vice-président de l’ICOM et président d’ICOM Italie) ont ensuite présenté les discours principaux.
Les intervenants venus d’Europe et d’Amérique latine ont largement participé aux discussions, qui étaient partie intégrante d’une série d’événements visant à renforcer les relations des musées EU–ALC. Cette juxtaposition a permis de souligner les différences et dissensions dans leurs visions respectives des musées et de ceux à qui ils sont destinés. D’une part, une définition hégémonique du musée perpétue le modèle d’une Europe qui impose ses concepts au reste du monde. D’autre part, intégrer la définition dans les lois facilite le travail des organisations nationales et internationales (tout en compliquant grandement l’adoption de nouvelles idées). Deux des articles traitaient principalement des « musées communautaires » (à Mexico et en Afrique), un thème particulièrement pertinent pour ce projet.
La conférence à St Andrews était la cinquième d’une série organisée par l’ICOFOM : une première s’était déroulée en juin 2017 à Paris, France, suivie par une seconde en octobre 2017 à Pékin, Chine, puis une autre à Buenos Aires, Argentine et, enfin, une dernière à Rio de Janeiro, Brésil, plus tôt en novembre. Ces débats multilingues se poursuivront lors de nouvelles conférences qui se tiendront dans d’autres pays les prochains mois. Les articles seront publiés sur le site de l’ICOFOM. Une publication en anglais, en espagnol et en portugais est en préparation.
Une cérémonie de remise de prix pour les jeunes a ensuite été organisée. Elle célébrait le partenariat entre le MGCI, l’université de St Andrews et le Skye Eco-museum, dans le cadre du programme d’échange entre jeunes du projet EU-LAC-MUSEUMS. La journée s’est terminée par une prestation bénévole du City of St Andrews Pipe Band et par des danses traditionnelles.
Un atelier sur les technologies 3D pour les musées
Le dimanche 26 novembre, l’équipe chargée de la 3D à l’université de St Andrews a dirigé un atelier et une table ronde sur cette technologie, en collaboration avec le musée de l’université de St Andrews (« MUSA »). Les participants ont étudié la façon dont les technologies numériques peuvent fournir des solutions locales et mondiales grâce à des plateformes en ligne de projets internationaux.
Les quatre domaines de recherche et d’innovation du projet EU-LAC Museums
Le reste de l’événement était consacré à l’assemblée générale du projet EU-LAC Museums à proprement parler. Les partenaires du consortium et les conseillers internationaux (qui incluent des représentants d’ICOM LAC, d’ICOM Europe, d’ICOM Chili et d’ICOM Costa Rica) ont activement débattu de la mise en œuvre du projet, partagé des idées et renforcé leur collaboration. Le projet EU-LAC Museums compte plusieurs blocs de travail (« Work Packages » ou « WP »), gérés par les huit partenaires du projet : l’université de St Andrews (Écosse), l’université de Valence (Espagne), le Musée national d’archéologie (Portugal), l’université des Indes occidentales (Jamaïque, la Barbade, Trinité-et-Tobago), l’université australe du Chili, l’université pontificale catholique du Pérou, le Musée national du Costa Rica et l’ICOM. Les partenaires travaillent également sur de nombreuses activités autour du thème des musées et des communautés, en adoptant différents points de vue. Elles viennent compléter les WP dédiés à la gestion, à la communication et à la diffusion de l’information. Lors de l’assemblée générale, les partenaires ont également présenté leur avancement depuis le début du projet, en octobre 2016.
Les activités réalisées dans le cadre du projet EU-LAC Museums se rapportent aux quatre domaines de recherche UE-CELAC suivants :
- la technologie et l’innovation dans l’intégration bi-régionale ;
- les musées dans l’intégration et la cohésion sociales ;
- la promotion de musées locaux et régionaux durables et ;
- exposer la migration et le genre.
La technologie et l’innovation pour l’intégration bi-régionale
Dans le projet, la technologie est avant tout un outil. Plutôt que d’investir une énorme quantité de ressources dans de possibles avancées et nouveaux logiciels, l’idée est d’utiliser, de façon inédite, des technologies numériques éprouvées. La collaboration entre le Musée national d’archéologie de Lisbonne, l’école de sciences informatiques de l’université de St Andrews et l’université des Indes occidentales permettra inévitablement de donner lieu à des innovations. Celles-ci seront essentiellement axées sur une question sociétale : comment aider les communautés les plus reculées à s’emparer de leurs histoires et de leur patrimoine ? Nous avons pour objectif de mettre en commun notre expertise universitaire à l’aide des nouvelles technologies, afin de construire des ponts entre l’Europe, l’Amérique latine et les Caraïbes. Les trois principaux outils technologiques mis à contribution pour atteindre ce but sont le projet de portail en ligne multilingue, le développement d’applications pour les musées communautaires et la recherche et la cogestion de musées virtuels.
Durant les six premiers mois du projet, l’équipe 3D de l’université de St Andrews a parcouru l’Europe et l’Amérique latine pour proposer des ateliers sur cette spécialité, dans le but de doter les partenaires des bases et outils technologiques nécessaires. Elle a également créé une plateforme et une carte en ligne qui promeuvent le patrimoine culturel numérisé des musées communautaires. En parallèle, l’équipe portugaise a mis en place deux bases de données accessibles sur le site Internet du projet EU-LAC-MUSEUMS : l’une référence les musées communautaires dans les pays participants, l’autre répertorie le patrimoine immatériel. Les membres de l’ICOM qui vivent dans les régions Europe et LAC et souhaitent contribuer à enrichir ces bases de données sont chaudement invités à contacter les gestionnaires du site Internet.
Les musées dans l’intégration et la cohésion sociales
Dans cette partie du projet, les partenaires ont pour but d’étudier les projets de pointe qui aident à responsabiliser les musées et les communautés. Par la suite, ils tâcheront d’aller plus loin, pour mettre en œuvre et évaluer nos propres projets éducatifs bi-régionaux innovants destinés aux communautés. L’objectif est à la fois de changer la vie des personnes qui forment les communautés des musées, mais aussi de trouver une méthode de mise en œuvre et d’évaluation applicable à des régions plus larges. L’éducation muséale est au cœur de cette partie, ce qui inclut notamment des recherches universitaires sur la muséologie communautaire, un programme d’éducation muséale intergénérationnel et bi-régional, et la création d’un programme d’échange entre jeunes de ces régions. Ce programme cherche à répondre à des questions clés pour la muséologie communautaire :
Comment peut-on définir les « musées communautaires » et la « durabilité » dans un contexte bi-régional ? Quelles sont les transformations les plus importantes que connaissent les petits musées communautaires en Europe et en Amérique latine ? Quels sont les projets les plus perfectionnés mis en place par les musées afin de promouvoir l’intégration et la cohésion sociales dans chaque région ? Comment les petits musées régionaux peuvent-ils être mieux à même de promouvoir les pratiques exemplaires auprès d’autres musées et des législateurs à l’échelle mondiale ?
Pour y répondre, le projet s’ingénie à favoriser un échange bi-régional entre jeunes d’Amérique latine et d’Europe. 24 jeunes participent à cette initiative palpitante et responsabilisante : 12 Costaricains, 6 Portugais et 6 Écossais. Ces 24 personnes prennent part chaque mois à des ateliers où ils échangent sur leur communauté, leur identité, leur culture et leur patrimoine ruraux, tout en gagnant en confiance en soi. Ils sont également encouragés à visiter leurs musées communautaires locaux et à documenter leurs excursions dans un blog. Durant l’été 2017, les jeunes écossais et portugais se sont rendus au Costa Rica. Ils ont ainsi eu l’occasion de se fondre dans une autre communauté et de comparer leurs patrimoines respectifs. Ils ont indiqué que c’était « la plus grande expérience de leur vie ». En contrepartie, les jeunes costaricains iront explorer les communautés européennes participantes à l’été 2018.
La promotion de musées locaux et régionaux durables
De nos jours, les musées doivent faire face à des évolutions politiques, économiques et sociales considérables. En sa qualité d’organisation professionnelle internationale regroupant plus de 37 000 membres dans plus de 140 pays, l’ICOM estime que la promotion et la protection de la diversité et du rôle des musées dans la société sont l’essence même de sa mission. Ces dix dernières années, l’augmentation du nombre de musées durables et communautaires a fait l’objet de nombreuses discussions, publications et conférences au sein du réseau professionnel des comités nationaux et internationaux de l’ICOM. Le projet EU-LAC-MUSEUMS souhaite promouvoir les objectifs de l’ICOM dans ce domaine par le biais de ses WP, et notamment grâce à ses recherches bi-régionales en Espagne, au Chili et au Pérou.
L’université de Valence a déjà eu la possibilité d’étudier le patrimoine culturel relatif aux techniques historiques d’irrigation dans sa région. Il s’agit de la première étape d’une étude de plus grande ampleur, qui analysera les ressources patrimoniales territoriales comme facteurs de développement économique, ainsi que les processus d’identification qui permettent de définir ce qu’est la gestion durable des musées. Le projet comprend également deux études de cas, au Chili et au Pérou. Dans la première, l’équipe de l’université australe du Chili a lancé des recherches sur un groupe de musées qui font partie du réseau des musées et centres culturels dans la région de Los Ríos. Cette enquête évaluera la configuration et les processus de chaque entité et examinera les variables liées à la durabilité future des musées communautaires. Malheureusement, les musées péruviens qui participaient à la deuxième étude de cas ont été particulièrement touchés par des inondations. En effet, des déluges, tremblements de terre et ouragans exceptionnels ont touché la région LAC ces derniers mois, soulevant une vive inquiétude sur la durabilité sociale quant au patrimoine culturel et aux catastrophes naturelles.
Exposer la migration et le genre
Dans le cadre du projet, la migration et le genre représentent l’un des principaux sujets de recherche de l’université des Indes occidentales, qui collabore avec l’ensemble des partenaires, et notamment avec l’université de St Andrews, pour préparer une exposition de beaux-arts. Nous étudions « les échanges culturels, scientifiques, intellectuels et sociaux présents et passés entre les individus, les pays et les régions au sein de la zone UE-CELAC », en partant des relations entre les Caraïbes et l’Europe. Nous englobons l’Amérique latine et centrale dans notre recherche grâce au musée virtuel (développé par l’équipe 3D), au programme d’expositions itinérantes et à une exposition d’art contemporain.
La prochaine étape du projet sera l’organisation d’une conférence internationale à la Barbade, en novembre 2018 ; les activités se poursuivront jusqu’en 2020.
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Le projet EU-LAC Museums a reçu un financement du programme de recherche de l’Union européenne, Horizon 2020, sous la convention de subvention n° 693669.